vendredi 21 mars 2014

Les outils de campagne


Au tout premier rendez-vous, Zoé m'avait dit, tu sais une campagne c'est intensif, il faut être sur le terrain, aller à la rencontre des gens, une campagne c'est deux mois où tu dois te consacrer entièrement à cela. Bon, j'ai compris, entrer en campagne ce n'est pas être à la campagne...
Lisons donc ce qu'en dit le Larousse de cette fameuse campagne :
 
  • Battre la campagne,

    parcourir, fouiller un pays en tous sens pour faire lever le gibier, inquiéter l'ennemi, etc. ; déraisonner, divaguer.
  • Campagne de presse,

    diffusion de manière concertée ou spontanée, par un ou plusieurs médias, d'une série d'articles ou d'émissions pour sensibiliser l'opinion publique, les autorités sur un sujet particulier.
  • Campagne électorale,

    ensemble des opérations de propagande précédant une élection ou un référendum ; période pendant laquelle ces opérations sont autorisées.
  • Populaire et vieux.

    Emmener quelqu'un à la campagne,

    le mystifier.
  • Entrer en campagne,

    commencer quelque entreprise.
  • Faire campagne,

    participer à la guerre, à une expédition militaire.
Si on s'amuse à relier toutes ces définitions cela pourrait même faire peur.
Mais, avait-t-elle ajouté, il y aura des outils pour vous aider.
Première action la confection d'un "signet", voici ce qu'on m'en dit et ce qu'on me demande de faire pour le réaliser :

"Le passeport sera votre carte de visite, votre outil personnel de campagne. Il aura la forme d'un signet avec au recto votre photo et un petit texte de présentation et au verso vos coordonnées."

Bon, je passe sur ce moment de torture qu'a toujours représenté pour moi la séance photo, moment rendu cette fois-ci beaucoup plus léger grâce au photographe et j'en arrive très vite à ce qui me semble le plus important, le texte de présentation.Ce texte qui doit, en 700 signes, convaincre ceux qui le liront que voter pour Ecolo est le meilleur des choix (700 c'est quand même mieux que 140, cfr billet d'hier...)
Convaincre en 700 signes...
Là, je me souviens que dans les radios privées j'ai fait pas mal de pub et que cela m'amusait, je n'ai peut-être pas perdu cette tournure d'esprit là, je peux peut-être encore retrouver le tempo, les mots qui portent, les formules qui résonnent.
Essais, erreurs, trop long, trop court et puis finalement un texte sort avec lequel je me sens en accord. Mon premier lecteur est l'homme que j'aime, s'il acquiesce c'est que les mots sont justes, qu'ils me ressemblent, ce n'est pas parce qu'il partage ma vie qu'il est mon premier lecteur, c'est parce que c'est le lecteur le plus exigeant que je connaisse. 
Il acquiesce.
Retour vers quelques personnes du parti pour leur soumettre le texte, après tout je débute et si ça tombe je suis tout à fait à côté de la plaque.
Ils aiment, mais font part d'un certain étonnement quand même "tu ne parles pas de toi ?"
Ben non, je parle de ce que en quoi je crois, que font les autres en général ?
"Les autres donnent des infos sur eux, carrière, enfants, mode de déplacement ou alors développent un thème de campagne qui leur est cher et ce à quoi ils s'engagent..."
Et c'est là que je prends soudain conscience d'une chose qui jusque là m'avait échappé : être en campagne pour un candidat, quel que soit le parti, c'est d'abord se vendre, être un candidat en campagne, si je fais le rapprochement avec la publicité, c'est pendant quelques semaines devenir un "produit", un produit suffisamment séduisant pour qu'un maximum de personnes aient envie de se l'approprier et on en revient aux définitions du Larousse et aux étranges liens que l'on peut faire entre toutes ces définitions.
J'ai une pensée pour tous ces candidats qui, dans les heures qui suivront les élections, se pencheront sur leurs votes de préférence, je me demande comment certains géreront la blessure narcissique de ne pas en avoir eu assez. Se présenter au suffrage des autres, c'est s'exposer, au-delà des idéaux que l'on défend, à ne pas être "choisi".
Bon, mon texte restera comme cela, je n'y parlerai pas de moi, je n'ai rien à vendre, juste à participer au débat d'idées et espérer que cette maigre participation amènera quelques voix de plus à la liste sur laquelle je me trouve.
Et en plus, je ne sais même pas rouler à vélo...

  


4 commentaires:

  1. Ce stylo est un Giacometti... Personne ne sait qui va ôter le capuchon de ce stylo pour écrire notre histoire à venir ! Il est donc très amaigri, ce stylo, dans sa fonction initiale perdu dans sa photo du bord des mondes...

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  2. "Juste à participer au débat d'idées"...Martine, je vous aime!

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  3. Bienvenue Martine, au club des candidat-e-s qui s'exposent le temps d'une campagne ! Les idées que tu défends, que tu portes et que tu souhaites importer au Parlement, sont importantes. Mais pourtant, celle qui les porte est plus importante encore, parce qu'en démocratie représentative, tu représentes des gens qui te font confiance pour les porter à leur place. Donc, il est bon aussi de savoir qui tu es, d'où tu viens et ce que tu transportes comme histoire à partager. Dans l'élection, il y a aussi, qu'on le veuille ou non, un phénomène d'identification. "Cette femme, qui me ressemble... peu ou prou... aime les films que j'aime et les musiques qui me sont chères... va défendre mes idées et mes valeurs, est celle à laquelle je pourrais m'identifier" !
    Merci du partage à travers ce blog ! Mona Lisa

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  4. J'adore:"Et en plus je sais même pas rouler en vélo"

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