mercredi 21 mai 2014

S'engager, finalement, qu'est-ce que cela veut dire ?


C'est vrai, finalement, s'engager, qu'est-ce que cela veut dire ?
Cyniquement je pourrais répondre que s'engager c'est accepter que des portes se ferment.
Parfois, j'ai l'impression d'avoir rejoint une bande de malfaiteurs, parfois...
Cet engagement m'a déjà fait perdre des jobs, or je vais devoir chercher des jobs...
Donc, ok, j'ai rejoint une bande de malfaiteurs...
Je suis candidate d'ouverture, 9ème suppléante à la Région de Bruxelles-Capitale sur la liste 9, chez les Ecolos, une bande de malfaiteurs donc...


Un peu d'histoire perso, je vais tenter le storytelling si cher aux médias : 

"C'est l'histoire d'une petite fille qui ne comprend pas grand chose au monde dans lequel elle vit, les choses qui lui semblent évidentes ne le sont clairement pas pour ceux qui l'entourent, ses angoisses sont tournées en dérision par ses proches, quand elle parle de justice sociale, d'égalité, d'équité, de solidarité Nord/Sud, quand elle dit qu'elle voit la paupérisation galopante dans son propre pays, elle recueille des sourires apitoyés, on lui dit qu'elle devrait arrêter de lire Zola, Dickens, Malot...
Bien, la petite fille est une petite fille sage, elle se tait, se réfugie dans ses livres.
La petite fille grandit, elle continue à lire, elle regarde le monde, elle est effarée par ce qui se passe, mais elle doit être dingue puisque tout le monde trouve cela normal.
Devenue femme la petite fille a trouvé le moyen de trouver un sens à son existence, elle va tenter de faire entendre d'autres voix, elle va se transformer en "passeuse", elle va continuer à lire, elle va continuer à s'inquiéter de la marche du monde, elle va tendre son micro à ceux qui tentent de le rendre lisible ce monde, elle fera cela longtemps, tant qu'elle le pourra.

A l'aube de l'automne de sa vie (mais qui sait quand une vie s'arrête ?) la petite fille va tourner une page de son existence, son micro ne reçoit plus personne, elle accepte de s'engager. Si la petite fille devenue femme accepte de s'engager, c'est sans doute parce qu'elle est devenue mère, fondamentalement elle n'en a rien à battre que tout s'arrête, que la planète devienne un champ de bataille dans les décennies qui viennent, fondamentalement elle devrait même se réjouir que ses intuitions de petite fille s'avèrent, il y a juste que la petite fille est devenue femme, que la femme est devenue mère et que la mère s'inquiète de l'avenir de ses enfants..."
C'est pas mal, hein, comme storytelling ?
C'est pas mal...
Et le pourquoi de l'engagement dans tout ça, me direz-vous ?
L'engagement il est ici :ttps://soundcloud.com/martine_cornil/question-4-comment-faire 
L'engagement il se trouve dans ma conviction de petite fille devenue femme que c'est par la voie démocratique que l'on peut faire bouger les lignes, que l'on peut faire bouger le monde.
Mon engagement c'est que c'est dans ce parti là que j'ai rencontré le plus d'enfants devenus adultes qui continuent à croire qu'on peut transformer le monde sans passer par une révolution sanglante, or toutes les révolutions sont sanglantes..., mon engagement, ridicule, minime, anodin au sens de l'histoire est de penser que ceux-là que je rejoins, que je supporte, ont une vision qui va bien plus loin que les échéances électorales.
Voilà les raisons de mon engagement.
Elles valent ce qu'elles valent.
Elles permettent à la petite fille que j'ai été de regarder les enfants de la femme que je suis devenue droit dans les yeux.








 




mardi 20 mai 2014

Voter, ça ne sert à rien...

La phrase la plus entendue ces derniers temps...
Ca ne sert à rien.
Ah bon ?
Tiens, et se lever chaque matin en sachant qu'un jour on va mourir, ça sert à quoi ?
Et mettre des enfants au monde en ne sachant pas de quoi est fait demain, ça sert à quoi ?
Ce qui est certain c'est que voter sans s'intéresser à la chose politique, cela ne sert effectivement pas à grand-chose, ce qui est certain c'est que voter sans s'intéresser au projet de société qui sera porté, ça c'est un peu léger, ce qui me semble clair c'est que voter un dimanche et puis ne plus s'impliquer dans la vie politique pendant cinq ans, ça ça n'a guère de sens et ne peut amener que des désillusions, lesquelles amèneront à cette fameuse phrase : voter ça ne sert à rien...
C'est ce que j'ai tenté d'expliquer simplement à mon petit dernier de neuf ans 

Autre phrase entendue souvent "c'est toujours les mêmes..."
Bien. Que l'on me corrige, mais il me semble que chacun est libre de voter pour de nouvelles têtes, porteuses de nouveaux projets, personne ne va dans l'isoloir avec un pistolet sur la tempe et on peut choisir de ne pas voter en case de tête, on peut panacher son vote sur une même liste, voter pour plusieurs candidats.
Oui, mais pour cela il faut se tenir un peu au courant, suivre la carrière des uns et des autres, s'intéresser aux personnalités qui ne font pas la une des médias, comprendre que chaque parti est traversé par divers courants, diverses sensibilités, favoriser les sensibilités qui nous semblent le plus répondre à nos attentes, ça demande un peu de boulot de la part de l'électeur, un peu de saine curiosité...

Plus curieux "elle, lui, je les aime bien, je trouve qu'ils font du bon boulot, mais je pense qu'ils ne sont pas représentatifs de leur parti, alors je vais voter pour un autre parti, ça fera une leçon à ceux qui dirigent..."
Et là, les bras m'en tombent...
Ne pas voter pour des gens en qui on croit, en qui on a totalement confiance, porteurs de projets qui nous ressemblent parce que machin ou machine dans le parti a une tête qui ne nous revient pas...
Ne serait-ce pas l'inverse qui serait rationnel, productif ? Voter au sein d'un parti pour ceux qui incarnent notre idée de la société à venir, les renforcer, influer ainsi sur une tendance, faire bouger les lignes ? 

Ne garder en tête que les échecs, les manquements d'un parti, ne pas se souvenir ou se renseigner sur les combats gagnés, dans un pays où tout est de l'ordre du compromis dans des cadres de coalition, où  seul compte le rapport de force...
Le rapport de force c'est le résultat des élections, le résultat des votes.
Alors avant de voter prenons le temps de nous intéresser aux bilans, penchons-nous sur les programmes (oui, je sais, ça prend du temps, beaucoup de temps, mais on vote pour des partis qui vont impacter notre quotidien pendant au moins cinq ans...)
Et puis après, comme je le disais à mon fils (écouter supra), restons vigilants et n'hésitons pas à demander des comptes.
L'Etat est la somme de tous ceux qui le composent.

Bon, en bonus, la vidéo de mon tout premier discours lors d'un meeting, je n'avais rien préparé, je ne savais pas quoi dire, mais j'avais en face de moi des militants, des gens de terrain, des convaincus, des convaincants, ceux qui travaillent d'arrache pied au quotidien pour défendre leurs idées, leurs idéaux, ceux qu'on ne voit jamais sur les plateaux télé, c'est pour eux que j'ai parlé.

Note personnelle : des fois que je referais encore un discours devant autant de monde et des caméras, prévoir un coiffeur et une maquilleuse...




vendredi 9 mai 2014

J'ai fait mon premier marché...

Et donc...
Se promène sur les marchés, enfin quand je dis les marchés, je dis "un marché"
Donc.
J'ai fait mon premier marché...
Ceux qui me connaissent ont déjà les larmes aux yeux, soit parce qu'ils compatissent, soit parce qu'ils sont déjà à moitié morts de rire, parce que ceux qui me connaissent savent que je suis timide, réservée, une vraie souris grise...
Bon, ceux qui me connaissent peuvent déjà rire...
Rien que le titre " J'ai fait mon premier marché" provoque chez eux des images dignes des Monty Python, bref, j'ai fait mon premier marché...
Donc, comme je suis une bonne camarade et que j'ai promis de mouiller ma chemise et de faire campagne comme tout le monde, me voici au marché.

C'est intéressant les marchés, vraiment.
D'abord parce qu'au marché on rencontre les vraies gens.
Ah bon ? Y'a des faux gens ???
Ensuite parce qu'au marché quand tu "chopes" les gens, tu peux avoir des vraies conversations de bistrot, juste que c'est le matin et que tu es clean (à priori)
Et puis, faut être au marché, parce que tout le monde y est, ça c'est vrai.
Au marché t'es pas toute seule (heureusement, sinon ce serait suicidaire), au marché t'as des copains qui font campagne aussi...

Donc, le marché.
Pas de bol, il pleuvine
Une pluie à la belge, ni trop, ni trop peu
Il pleuvine quoi...
Mais t'as pas de parapluie
Pas grave, t'as un chapeau
Juste que ton chapeau il est pas vert, il est rouge...

Parlons-en des rouges au marché
Ils sont partout
Une vraie machine de guerre

Les oranges sont discrets, ils sont deux.

Et puis il y a cette jeune femme, qui distribue ses tracts, en disant "c'est pour le PP, le parti de Luc Trullemans..."T'as envie de lui dire que t'as pas la télé, que c'est pas un argument, tu te tais, tu regardes son tract perso, tu vois son patronyme qui te raconte qu'elle vient de loin, hors des frontières Schengen, tu vois sa profession "anthropologue", tu en as pour des heures de cogitation...

Bon, c'est ton premier marché, tu découvres

Le marché est quadrillé, y'a les rouges, les verts, les oranges et les autres.
Chacun sa technique.

Les rouges sont nombreux, ils distribuent leurs tracts.
Les oranges semblent timides, franchement je n'ai pas compris la stratégie de com.
Les verts sont pragmatiques, ils demandent d'abord si les gens votent, ensuite s'ils savent pour qui ils vont voter et après, si ça se met, ils engagent la conversation et tentent de convaincre.
Bon, moi je fais partie des verts.
Mais c'est mon premier marché.
Alors comme je suis timide, voir supra, je vais vers les plus âgés, c'est idiot mais c'est comme ça...
Et là, je me ramasse un " vous, c'est une pastèque... vert dehors, rouge dedans..."
Bon...
Sur le marché y'a Isabelle Durant, elle est connue, elle prend son temps, Isabelle elle peut parler quinze minutes avec les gens, Isabelle elle ne compte pas son temps...

C'est mon premier marché, il pleuvine.
Il pleuvine, c'est mon premier marché.
Heureusement qu'il y a Isabelle, Dominique et les autres

 Mais bon, j'ai quand même pu parler de l' individualisation des droits
Et comme le chantait Souchon "c'est déjà ça..."